Foire aux questions – FAQ


1 – Pourquoi mon enfant est il devenu anorexique ? qu’avons nous fait pour cela ?

La personne anorexique, « brillante, sans problèmes … », est souvent une personne qui s’est perdue à force de vouloir répondre aux attentes qu’elle croyait peser sur elle (à juste titre ou non). Elle ne vit plus sa vie pour elle même mais pour satisfaire l’attente d’un autre.

Elle se conforme à un idéal qui n’est pas elle, elle se soumet à une exigence de perfection, elle s’interdit le droit à l’erreur avec une intransigeance que personne, pas même elle, ne mesure jusqu’au jour où la souffrance est trop grande et où la maladie se manifeste. Par le symptôme anorexique, la personne questionne son entourage : « puis je être acceptée comme je suis, suis je aimée pour ce que je suis ? ».

Bien sûr, c’est une maladie difficile, source de beaucoup de souffrance pour la personne et son entourage, mais c’est aussi un appel au secours pour sortir de ce piège dans laquelle la personne s’est enfermée sans s’en rendre compte. C’est la seule façon qu’elle a trouvé pour signifier à son entourage (et à elle même) combien elle est désespérée, lasse, combien elle est piégée par ce sentiment de toujours devoir en faire plus, de toujours devoir être brillante, bonne élève, quelqu’un sur qui on peut compter, bref de ne pas pouvoir vivre tout simplement.

A la question que posent la plupart des parents : « qu’avons nous fait… ? », il n’y a pas de réponse. Bien sûr, anorexie et boulimie apparaissent au cœur d’une relation qui engage tant les parents qui ont des attentes sur leur enfant que l’enfant qui fait le choix (inconscient) de répondre à ces attentes. Mais la maladie apparaît aussi à l’intersection d’une personnalité et d’un certain environnement (culturel, social, familial…). Plutôt que de chercher « à qui la faute », il paraît plus constructif d’aider les parents à comprendre pourquoi le malaise de leur enfant s’est exprimé ainsi de façon aussi violente et comment ils peuvent l’aider à gérer autrement ses conflits.

 

 

2 – Est ce qu’il peut guérir ? comment puis-je l’aider ? quid des thérapies familiales ? quid des hospitalisations ?

L’expérience des anciennes « malades » prouve qu’il est possible de se sortir de l’anorexie et de retrouver pleinement le goût de vivre. Néanmoins, il s’agit d’un long chemin que seule la personne atteinte de ces problèmes peut décider de faire. Une des façons de s’en sortir est la thérapie par la parole pour remonter aux sources de la souffrance et trouver d’autres façons de gérer cette souffrance. Cela prend du temps. Et la décision de s’engager dans ce chemin appartient strictement à la personne anorexique. Nul autre ne peut choisir à sa place quand et comment se mettre en route.

En dehors des situations ou l’hospitalisation est requise pour préserver l’état de santé de la personne anorexique, le recours à une hospitalisation peut être conçu comme un accélérateur de guérison (grâce à la rupture d’avec l’environnement habituel et au travail en groupe) d’autant plus efficace qu’il résultera du choix plein et entier de la personne concernée.

Les thérapies familiales peuvent être également de bon outils surtout pour de jeunes adolescents susceptibles de devoir passer encore plusieurs années au sein du foyer familial : en ce cas, il peut être judicieux d’accompagner l’ensemble des membres de la famille dans un processus de remaniement du fonctionnement familial.

Néanmoins, la plus grande aide que les parents peuvent apporter à leur enfant anorexique, outre leur disponibilité, leur écoute et leur soutien, est leur confiance dans le fait que cette maladie a un sens et qu’il/elle pourra le mettre à jour. Ils doivent prendre soin d’eux-mêmes, privilégier ce qui leur apparaît comme bien pour eux et se préserver autant que faire se peut de la culpabilité qui ne sera d’aucun secours à leur enfant.

 

3 – Est ce que physiquement il restera des séquelles ?

Sauf à ce que les fonctions vitales de la personne aient été durablement endommagées par la malnutrition, l’amaigrissement lui même lié à l’anorexie est parfaitement réversible, ainsi que ses conséquences visibles (aménorrhée, pilosité, frilosité…). Le recours intensif aux vomissements pour les boulimiques présente des risques propres dont il faut être alerté même si l’état physique de la personne paraît « normal » : dents abîmées, perte de cheveux, carences diverses, perte de potassium induisant aussi des risques d’arrêt cardiaque… dans tous les cas, seul un bilan médical permet de faire le point sur l’état exact de la personne.

 

 

4 – Ses frères et sœurs / son père ne supporte plus sa façon de se comporter à table, nos amis ne viennent plus nous voir

La position de l’entourage est bien inconfortable : interpellé violemment par l’apparence physique de l’anorexique, et en même temps impuissant … Les familles sont toujours déstabilisées par l’incompréhension, la tension et l’inquiétude que provoque la maladie.

Néanmoins, ce n’est pas une attitude voulue, ce n’est pas fait pour embêter le monde, ce n’est pas un caprice d’enfant gâté : c’est le signe d’une grande souffrance, d’une haine de soi dont la violence est difficile à décrire. Les réactions de rejet de l’entourage sont à la hauteur de cette violence et traduisent (maladroitement) la peur de se faire envahir par la maladie.

Prendre acte de la souffrance d’un enfant sans qu’elle envahisse toute la vie familiale est sans aucun doute extrêmement difficile. Les signes de rejet de l’entourage peuvent être l’occasion de rétablir un équilibre que la maladie a détruit entre l’enfant qui souffre et le souci des autres membres de la famille. L’enfant malade ne peut que s’en porter mieux.

L’échange avec d’autres parent qui vivent ou qui ont vécu la même situation peut être salutaire : pour sortir de la solitude et se rendre compte qu’on n’est pas seul à vivre cette situation, pour retrouver l’espoir e, écoutant le témoignage des parents dont les enfants sont sur la voie de la guérison, pour exprimer sa propre souffrance de voir son enfant se détruire, ses doutes, ses peurs, pour échanger sur comment préserver le reste de la fratrie.

Se faire aider est par un travail de psychothérapie peut être aussi nécessaire à l’un ou l’autre des parents, pour éviter de faire tourner toute la vie familiale autour de la maladie de l’enfant anorexique, pour gérer une éventuelle culpabilité, pour trouver l’attitude la plus susceptible d’aider son enfant malade, pour préserver d’éventuels frères et sœurs aussi.

A chacun de trouver la façon de refaire passer la vie avant la maladie.

 

 

5 – Peut on hospitaliser quelqu’un contre son gré ?

L’hospitalisation d’une personne majeure ne peut se faire contre sa volonté. Une exception : l’hospitalisation à la demande d’un tiers, très encadrée par le code de la santé publique afin d’éviter les hospitalisations abusives. L’article L 3212 du code de la santé publique stipule notamment que :

«Une personne atteinte de troubles mentaux ne peut être hospitalisée sans son consentement sur demande d’un tiers que si :

1/ les troubles mentaux rendent impossible son consentement ;

2/ son état impose des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier. La demande d’admission est présentée soit par un membre de la famille du malade soit par une personne susceptible d’agir dans l’intérêt de celui-ci (…). La demande d’admission est accompagnée de deux certificats médicaux datant de moins de 15 jours et circonstanciés attestant que les conditions prévues sont remplies (…). »

Ces hospitalisations contre le gré du / de la patiente majeure sont parfois utilisées dans le cas d’anorexies mentales engageant le pronostic vital (dénutrition sévère, état de santé présentant un risque vital) mais c’est toujours une décision difficile à prendre et contestable, compte tenu de la violence ainsi faite à la personne souffrant d’anorexie. C’est pourquoi on essaiera toujours d’éviter autant que faire se peut d’en arriver à telle extrémité. Cela reste néanmoins parfois la « moins mauvaise solution » pour préserver la vie d’une personne. Il faut en discuter avec un médecin pour évaluer à plusieurs le rapport coût / opportunité d’une telle décision.

 

6 – Qu’est ce que l’hyperphagie et en quoi est ce différent de la boulimie ?

L’hyperphagie est un Trouble des conduites alimentaires (« Binge Eating Disorder » ou Syndrome d’hyperphagie incontrôlée (Spitzer et al., 1993)).
Les « crises » d’hyperphagie (hyperalimentation) sont caractérisées par la prise, en une courte période de temps (moins de deux heures), d’une quantité de nourriture dépassant notablement ce que la plupart des personnes mangent dans le même temps et les mêmes circonstances. La personne n’a pas l’impression d’avoir le contrôle de sa prise alimentaire ni la possibilité de s’arrêter.
Les prises alimentaires sont solitaires afin de cacher aux autres les quantités ingérées, d’où in fort dégoût de soi, ou de grande culpabilité après avoir mangé.
Ce comportement est source d’une souffrance marquée.
On parle d’hyperphagie s’il survient en moyenne au moins 2 fois par semaine sur une période de 6 mois (source DSM IV).

L’hyperphagie se distingue de la boulimie par l’absence de contrôle du poids et donc l’absence de comportements compensatoires (vomissements, sports, laxatifs….).
Une des particularités de l’hyperphagie est de concerner autant les hommes que les femmes.
Les personnes souffrant d’hyperphagie consultent moins un psy que dans les autres troubles alimentaires. Elles se tournent plutôt vers un généraliste ou un nutritionniste en majorité pour des problèmes physiques consécutifs au surpoids ou à l’obésité : maladies du cœur, hypertension artérielle, taux élevé de cholestérol, diabète de type 2, apnée du sommeil, insuffisance respiratoire…